22. ne mettez pas vos doigts dans l'eau
- Le voyageur de l'extrême !

- 23 févr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 oct.
Les petits affluents sont aussi dangereux sinon plus que les rivières. La concentration de piranhas est horriblement dangereuse surtout en saison sèche. Ce sont les locaux qui dictent les endroits baignables. "Ne mettez pas vos doigts dans l’eau hostile" est une mise en garde presque absurde et un peu ironique, dans lequel l’eau normalement synonyme de vie devient un espace de danger, de présences invisibles, voire de peur primitive.


Ce chapitre peut marquer une épreuve physique et mentale, un moment où je réalise que dans ce monde, même l’eau peut tuer, et que la vigilance devient un réflexe de survie.
Voici un aperçu de la vie marine entre l’humour noir, la tension, et le respect muet pour ce qui dépasse l’humain.
Ne mettez pas vos doigts dans l’eau hostile. Cela avait commencé comme une simple baignade. Un besoin de fraîcheur. Une envie de se laver de la sueur, de la moiteur, de la forêt collée à la peau.
Le guide m’avait lancé un regard rapide :
"Pas ici." "Pourquoi ?" "Tu veux garder tes doigts ?"
Je pensais à une blague. Mais ici, rien n’est vraiment une blague. L’eau n’est pas vide Dans mon monde, l’eau est une amie. Robinet. Douche. Piscine.
Ici, l’eau est une dimension. Ce n’est pas un miroir. C’est une peau vivante, tendue entre deux mondes. Dessous, ça vit. Ça attend. Ça chasse.
Il y a les visibles : Les piranhas. Petits, nerveux, en bande et les payrara. Légende vraie. Les anguilles électriques, capables de vous éteindre le cœur en un éclair. Les raies d’eau douce, belles et traîtresses, posées comme des ombres dans la boue. les caïmans et le roi de la forêt l'anaconda.
Ce beau vampire se nomme: Payrara
Et puis il y a les invisibles : Les sangsues, patientes. Les larves qui s’infiltrent sous la peau. Les parasites qui entrent par le moindre orifice. Oui. Celui-là aussi. Le chef Tikuna m’a raconté, en souriant à moitié : "Un jour, un homme a pissé dans l’eau. Et il a crié pour le reste de sa vie." Je n’ai pas osé demander pourquoi. Je n’ai plus jamais pissé dans l’eau.

La tentation. Un matin, la chaleur m’a vaincu. Je me suis agenouillé au bord d’un bras mort du fleuve. L’eau était calme. Claire, presque. J’ai tendu la main. Un mouvement, rapide, juste sous la surface. Comme un frisson. J’ai reculé. Mon cœur a battu trop fort. Pas un danger certain. Juste la possibilité. Et ici, c’est déjà trop.

Mon guide m’a rejoint. Il a regardé l’eau longtemps. "Tu veux savoir ce qu’il y a dedans ?" "Non." "Bonne réponse."
Depuis, je ne mets plus mes doigts dans l’eau. Ni mes mains. Ni mes illusions. Je bois l’eau que l’on filtre, que l’on prie presque. Je me lave comme un animal prudent. Je respecte l’eau comme un dieu sauvage. Il y a des endroits où l’eau lave. Et d’autres où elle décide si tu peux rester vivant. Ici, elle choisit. Pas toi.

Les créatures marines à craindre de l’Amazonie. On pense aux océans pour les monstres. Requins, méduses, abysses. Mais ici, en Amazonie, l’eau douce est peut-être plus dangereuse que la mer. On ne voit rien. On ne sait rien. Et pourtant ça bouge dessous. Eux, pas de souci. Ils ont appris à ne pas mettre les doigts dans l'eau, à ne pas faire pipi dans l'eau, Pourtant ils savent ou ils peuvent se baigner sans danger, sans peur, sans souci !

1. Le Piranha – Le plus célèbre. Petit, nerveux, en groupe. Il n’est pas aussi meurtrier que les films l’ont prétendu, Mais il testera ta chair si tu saignes. Il aime le goût du vivant. Le rouge, le mouvement. Un doigt tombé dans la mauvaise eau peut revenir en partie. "Il attaque surtout quand tu ne regardes pas."

2. Le Candiru – Le plus redouté. Petit poisson-parasite. Transparent. Presque invisible. Mais si tu urines dans l’eau, il remonte le courant. Il entre là où rien ne devrait jamais entrer. Et il s’y loge. Chirurgie. Cri. Silence après. On croit à une légende. On espère. Mais Yamã m’a dit : "Ce n’est pas une histoire. C’est un avertissement."

3. La Raie d’eau douce – La traîtresse silencieuse. Elle ne nage pas. Elle attend. Posée dans la boue, ronde comme une ombre. Son dard, sous sa queue, est un couteau vivant. Si tu marches dessus, tu ne cries pas. Tu hurles. Et tu restes au sol longtemps. Certaines piqûres mènent à l’infection, à la fièvre, à l’amputation. Semblerait que la douleur insupportable est de l'ordre de 20 sur un échelle de 10 !

Photo prise dans les Caraïbes lors d'une plongée sous marine à titre d'information, elles sont similaire en eaux douces et tout aussi dangereuses.
4. L’anguille électrique – La foudre sous l’eau. Tu ne la vois pas. Mais elle peut t’éteindre. Jusqu’à 600 volts. Une décharge qui coupe le cœur, ou le temps. Un homme est mort en pêchant, les deux pieds dans l’eau, une nuit sans lune. Il est tombé. Pas de bruit. Pas de lutte. Juste l’eau redevenue calme.

Photo prise au camp de base Zacambu
5. Le caïman noir – L’œil de la nuit. Pas un monstre marin, mais il règne sur les lacs d’encre. Silencieux. Patient. Six mètres, parfois. Un museau qui flotte, deux yeux qui brillent — c’est tout. Et puis, plus rien. Ou plus personne. Les Tikunas l’appellent parfois "l’esprit de la surface". Car on ne sait jamais s’il est là, mais s’il l’est, il t’a déjà vu.

6. Les mythes. Les anciens parlent d’un serpent d’eau long comme dix pirogues. D’une femme aux pieds palmés qui attire les hommes dans les tourbillons. Du boto, dauphin rose, métamorphe séducteur, qui met enceinte les jeunes filles avant de disparaître sous l’eau. Des légendes, peut-être. Mais ici, même les mythes laissent des traces. On parle bien sûr de l'Anaconda, un excellent nageur !
L’eau comme territoire de l’invisible
Ici, l’eau est un monde autonome. Un royaume trouble, sans barrière, sans lumière. Chaque créature y est adaptée, affûtée, discrète. Et nous, les voyageurs, sommes juste un animal maladroit, sans branchies, sans mémoire. Un corps de trop dans un royaume qui n’a pas besoin de toi. "Tu peux marcher sur la terre. Tu peux grimper aux arbres. Mais ici, dans l’eau… tu n’as aucun droit."









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