21. chez les derniers survivants
- Le voyageur de l'extrême !

- 24 févr.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 oct.
''Chez les derniers survivants''. Croiser des gens, un village, des familles aussi loin et aussi isolés dans la jungle ne fait aucun sens pour l'homme civilisé. Cela relève de l’impossible. On m’avait dit qu’ils existaient quelques familles. Peut-être un clan. Peut-être un mirage. Indigènes isolés. Hors du temps. Hors du monde. Pas vus depuis des années. Peut-être morts. Peut-être invisibles par choix.

Et pourtant. C’est arrivé sans que nous cherchions. Une marche trop longue. Un détour forcé par la crue. Un matin dans la brume. Ils étaient là. Pas devant moi. Mais près. Je le sentais. Un hamac entre deux arbres. Un feu encore chaud. Des flèches plantées dans un tronc, alignées avec une précision d’artisan. Pas de trace au sol. Pas de voix. Mais une présence plus forte que le vent. On a fait contact visuel.

Ils étaient là. Dans l’ombre. Dans les arbres. Le guide s’est arrêté net. Il a levé la main. Ses yeux ont changé. "On ne va pas plus loin." Pas de discussion. Pas de débat. Il a murmuré : "Ceux qui veulent vivre loin de nous ont leurs raisons." C'est ici qu'ils décident si le contact humain est possible. s'en est suivi un discussion dans un dialecte impossible à déchiffrer. Puis il a tourné le dos, et m'a dit on ne pourra pas dormir ici. Comme si parler pouvait les blesser. Ils nous ont invité à les suivre. Étions-nous invités ou captifs ? Chose sûr, le malaise se faisait sentir par les curieux venus à notre rencontre. La conversation se déroulait par l'intermédiaire de mon guide...je ''feelais cheap'' !

Ils ont accepté le contact puisqu'ils comprenaient que l'on repartiraient sans les déranger. Le chef nous a reçu sans cérémonie pour répondre à nos question. Aucune photographie autorisé des femmes et des enfants ou même du village. Un contact qui durera à peine 30 minutes. après quoi 2 guerriers nous escorterons à notre camp au bord de la rivière. Inutile d'essayer de revenir, à coup sûr les guerriers avaient la consigne de s'assurer que nous reprendrions la route de la rivière avant de retourner au village.

Et moi, je n’étais qu’un bruit de plus dans leur forêt. Ceux qui refusent d’être sauvés. Plus tard, autour du feu, Le guide m’a regardé et m’a dit : "Tu veux écrire sur eux. Mais eux ne veulent pas exister dans ton monde." Je n'ai pas compris tout de suite. J'ai mis 20 ans avant d'écrire ce récit. Ces peuples ne sont pas oubliés. Ils sont refusés. Refusés d’eux-mêmes. Comme on referme une porte pour ne pas laisser entrer l’incendie. Ils ne veulent pas être racontés. Raconter la forêt plutôt...avec un impression de déjà entendu.

Ils sont les derniers survivants, Non pas parce qu’ils ont perdu. Mais parce qu’ils ont choisi de ne pas se laisser trouver. Ils sont la frontière. Pas entre deux terres. Mais entre deux visions du monde. Et moi, au bord de cette frontière, Je n’ai rien à dire. Rien à prendre. Rien à donner. Juste me taire. Et remercier. De les savoir peut-être encore là. Quelque part. Invisibles. Indomptés. Vivants.















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