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16. los tikunas, braves et chasseurs

  • Photo du rédacteur: Le voyageur de l'extrême !
    Le voyageur de l'extrême !
  • 1 mars
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 oct.



Los Tikunas, braves et chasseurs. Ils vivent sur les rives du fleuve. Aucune pancarte. Aucun mot. Juste des regards. Droit, calmes, pleins d’une force qu’on ne lit pas dans les livres. Los Tikunas. Le chef, que les autres appelaient Yamã, portait un collier de graines et un regard que je n’ai jamais osé soutenir trop longtemps. Il m’a tendu la main. Rugueuse. Entaillée. Une main de chasseur. "Tu dors chez nous. Tu manges ce que nous mangeons. Tu écoutes." C’était la seule règle. Et elle suffisait.

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Le village n’avait rien d’exotique. Pas de folklore. Pas de plumes pour le touriste. Des maisons en bois, suspendues pour fuir l’eau. Des enfants curieux. Des femmes silencieuses. Et surtout, des hommes qui partaient tôt, l’arc à la main, et revenaient tard, les épaules chargées. La chasse ici n’est pas un sport. C’est une question de vie. Mais c’est aussi une affaire d’honneur.

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On ne tue pas par plaisir. On suit. On observe. On attend. Parfois des jours. Et quand l’animal se rend, ce n’est pas une victoire. C’est un échange. Yamã m’a emmené avec deux autres hommes. Ils ne parlaient pas. Leurs gestes suffisaient. Un tronc, une trace, un cri d’oiseau, tout était signe. J’ai appris à marcher sans bruit. À sentir la présence avant de la voir.

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Nous avons croisé des agoutis, des pécaris, des singes hurleurs. Mais ils n’ont tiré qu’une seule fois. Un paca, gros rongeur aux yeux doux.

Yamã l’a visé comme on ferme les yeux pour prier. Puis il s’est agenouillé, a touché le sol, puis le cœur de l’animal. "On ne prend que ce qu’on peut remercier."

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Le soir, au feu, ils ont partagé la viande en silence. Les enfants écoutaient, assis autour, pendant que les anciens racontaient des histoires d’avant. Quand la forêt était plus vaste. Quand les rivières n’étaient pas empoisonnées. Quand les Tikunas vivaient sans être traqués par le progrès.

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Un vieil homme m’a dit, les yeux dans la flamme : "On ne chasse pas que pour manger. On chasse pour que nos enfants sachent encore ce que veut dire 'vivre libre'." Lorsque nous sommes reparti, c'est avec du manioc, un collier de graines, et ce mot de Yamã, posé sur mon sac : Ils sont conscient du progrès et des dommages qui arrivent à leurs portes. Ils m'ont dit : "Écris, mais écris vrai. Pas sur nous. Écris sur la forêt. C’est elle qu’on défend."

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Depuis, quand on me parle des peuples de la forêt, je pense à eux. Los Tikunas. Braves sans armure. Chasseurs sans haine. Et je me demande combien de temps encore le monde les laissera vivre en paix. À cette ligne invisible entre résistance et oubli. Je me rappelle cette dernière phrase de Yamã, alors que je quittais le village, les yeux pleins de ce que je ne pouvais emporter : "Quand la forêt disparaît, ce n’est pas juste nous qui mourons. C’est une langue. Un peuple. Et peut-être un peu de toi aussi."

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