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12. Kingston, shanty towns de l'exode rurale

  • Photo du rédacteur: Le voyageur de l'extrême !
    Le voyageur de l'extrême !
  • 10 mars
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 17 oct.



Cette ville a été fondée en 1693 par l'Angleterre après qu'un tremblement de terre a détruit la ville portuaire de Port Royal. La ville devient la capitale administrative de la Jamaïque en 1872 et conserve ce statut lorsque l'île devient indépendante en 1962.

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Kingston, qui après 1962 devient la capitale de la Jamaïque indépendante, est à l'image de nombreuses villes appartenant à des pays anciennement colonisés : un centre-ville et un quartier nord directement hérités des colons britanniques, et où se concentrent la majeure partie des activités économiques et politiques, faisant le contraste très net et très violent avec la réalité des quartiers défavorisés.

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Le développement de la ville n'est plus contrôlé et les "shanty towns" (bidonvilles) augmentent en superficie et en population. Kingston n'échappe pas au phénomène de paupérisation des banlieues, et accueille chaque jour de nouveaux habitants que l'exode rural continue à mener dans la capitale depuis le milieu du XXe siècle.

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Kingston abrite le quartier populaire de Trenchtown, quartier d'origine des artistes jamaïcains de renommée mondiale : Bob Marley, qui a démocratisé le style musical du reggae, Peter Tosh ou encore Burning Spear. Elle a en outre donné son nom à la célèbre chanson du groupe UB40 Kingston town (reprise de Lord Creator). La ville de Kingston est très marquée, et plus particulièrement dans les quartiers sud, par l'influence rastafari dont le porte-parole fut Bob Marley. Mais ces quartiers sont aussi les plus pauvres et les plus insalubres de la ville.

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Reggae en façade, précarité en coulisse. Kingston, capitale des sons rebelles, des messages engagés et de la culture rasta. Mais derrière le Bob Marley Museum et les plages de Hellshire se cachent des quartiers où les murs sont faits de tôle, les rues de terre, et les rêves fragiles. Ces quartiers informels, appelés parfois “shanty towns”, “garrisons”, ou “inner cities” – sont nés de l’exode rural massif du XXe siècle. “Quand les campagnes ne nourrissent plus, on monte vers la ville. Même sans y être invité.”

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Un peu d’histoire : L’exode rural jamaïcain. Dans les années 1950 à 1970, la modernisation agricole, le chômage, et le manque d’infrastructures rurales poussent des milliers de Jamaïcains des parishes (zones rurales) vers Kingston. Mais la ville n’est pas prête. Pas assez de logements, pas d’urbanisme structuré. Résultat : ils construisent eux-mêmes leurs maisons, à la périphérie, sur des terres instables, souvent sans titre de propriété. Naissent alors des quartiers comme : Trench Town, Tivoli Gardens, Denham Town, Jungle, August Town, Riverton City, Trench Town, entre mythe et misère.

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Trench Town, c’est mythique : Bob Marley y a grandi, il y a écrit ses premières chansons. Mais c’est aussi un quartier pauvre, encore marqué par la violence, les rivalités politiques et le manque de ressources. Accompagné d’un guide local (indispensable), je visite le Trench Town Culture Yard, modeste musée communautaire. On y parle musique, bien sûr, mais aussi survie, débrouille, éducation alternative. “Ce n’est pas la pauvreté qui tue. C’est l’abandon.” Les ruelles sont étroites, bordées de maisons faites de récup. Les enfants jouent au football dans la poussière. Il y a des sourires, des regards durs, de la dignité.

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Politique, gangs et promesses trahies. Les shanty towns sont aussi des terrains d’affrontement politique. Dans les années 70 - 80, les partis (PNP et JLP) armaient parfois leurs “quartiers fiefs”, alimentant les conflits violents. Encore aujourd’hui, certaines zones sont sous le contrôle de “dons”, des chefs locaux parfois plus puissants que la police. Un chauffeur me dit : “La politique nous a divisés. Les riches regardent ailleurs. Et nous ? On s’organise.”

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Culture & résilience : quand la musique sauve. Malgré tout, ces quartiers sont des centres de création puissants. Le reggae, le dancehall, les sound systems, tout ça est né dans la rue, au cœur de ces shanty towns. Aujourd’hui encore, de jeunes artistes émergent depuis les toits de zinc, armés de talent et de rage douce. Ici, la musique est un exutoire, une arme, un refuge. “Every ghetto yute is a star.” Sizzla. Humilité et lucidité.

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Visiter les shanty towns de Kingston, ce n’est pas faire du voyeurisme. C’est ouvrir les yeux, écouter les voix oubliées, comprendre l’histoire qui ne passe pas par les musées. Ce sont des lieux de douleur, mais aussi de créativité et de lutte. Et si Bob Marley chantait No Woman, No Cry, c’est parce qu’il savait que dans ces rues, pleurer ne suffit pas. Il faut aussi espérer.

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Toujours essayer de visiter avec un guide local ou via une organisation communautaire reconnue. Kingston n'est pas un jardin d'enfant !






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