36. Hebron, ville des patriarches

Hébron, en hébreu : חֶבְרוֹן (Hevron) et en arabe : ٱلْخَلِيل (Al-Khalil), est une ville du Levant Sud, implantée dans la région des monts de Judée, au sud de Jérusalem. C'est une des plus anciennes cités du Proche-Orient encore habitée. C'était une ancienne ville cananéenne avant d'être conquise sur les Philistins par la tribu de Juda et de devenir le lieu de couronnement et la capitale du roi David, avant la conquête de Jérusalem sur la tribu des Jébuséens.

Y pénétré y est compliqué et il faut montrer pattes blanches avant d'y accéder. Checkpoints, contrôles aléatoires, Point de passage sécurisé à pied.

Le point de passage et l'interrogatoire en règle n'est pas une partie de plaisir. Ils n'ont pas vraiment envie que l'on soit ici autant qu'ils n'ont pas envie d'être là ! Patrouiller cette ville est un guet apens pour tout soldat. Hébron est un ''No man's land'' comme j'en ai rarement vu, tout le monde est un potentiel danger. Homme, femmes, enfants ou vieillards peuvent être une arme suicide.

Vieille ville d’Hébron / Al-Khalil,

Hébron est une ville ancienne dont les découvertes archéologiques remontent à environ 5 000 ans. Depuis des millénaires, elle revêt une grande importance religieuse. Dans la hiérarchie des villes saintes, Hébron se classe parmi les quatre premières villes saintes, tant pour les juifs que pour les musulmans. Vitrines cassées, bâtiments criblés de balles, destruction de biens publiques sont le quotidien à Hébron.

L’utilisation d’une pierre calcaire locale a marqué la construction de la vieille ville d’Hébron/Al-Khalil au cours de la période mamelouke, entre 1250 et 1517. Le centre d’intérêt de la ville était le site de la mosquée Al-Ibrahim/le tombeau des Patriarches, dont les édifices se trouvent dans l’enceinte construite au ier siècle de notre ère pour protéger les tombes du patriarche Abraham/Ibrahim et de sa famille. Ce lieu devint un site de pèlerinage pour les trois religions monothéistes : judaïsme, christianisme et islam. (bientôt dans le reportage ''38'').

La ville était située au croisement de routes commerciales de caravanes cheminant entre le sud de la Palestine, le Sinaï, l’est de la Jordanie et le nord de la péninsule arabique. Bien que la période ottomane (1517-1917) qui a suivi ait annoncé une extension de la ville aux zones environnantes et qu’elle ait apporté de nombreux ajouts architecturaux, en particulier la surélévation des maisons avec la construction d’étages supplémentaires, la morphologie globale de la ville mamelouke a persisté dans l’organisation hiérarchique des quartiers, déterminés par des rassemblements autour de l’origine ethnique, de la religion ou de la profession.

Israël a établi de petites colonies au cœur de la population palestinienne du centre-ville d'Hébron. S'appuyant sur ce qu'Israël appelle « le principe de séparation », il a imposé une ségrégation physique et juridique entre les centaines de colons et les milliers de résidents palestiniens.

Les Palestiniens sont soumis à d'extrêmes restrictions de mouvement et des centaines d'entreprises ont été fermées. Ce phénomène, conjugué à la violence des colons et des forces de sécurité, a rendu la vie intolérable pour les Palestiniens, provoquant un exode massif et la ruine économique du centre-ville. Les autorités israéliennes encouragent ainsi l'expulsion des Palestiniens du centre-ville d'Hébron.

Bien que la vieille ville prospère grâce au commerce, un malaise palpable rend le simple fait d'y séjourner stressant. En effet, Hébron abrite le tombeau d'Abraham, le grand prophète et père historique des peuples arabes et juifs. Hébron est un lieu saint pour les juifs, les musulmans et les chrétiens. C'est pourquoi la partager pacifiquement est un défi. En 1929, des Arabes locaux se déchaînèrent, tuant 67 Juifs d'Hébron et détruisant des maisons et des synagogues juives. Plus de 400 Juifs survécurent au bain de sang, cachés par leurs voisins arabes. Les stigmates des pogroms sont biens visibles et les traces de conflits modernes aussi.

Hébron a l'air d'une ville profondément arabe, à l'exception d'une petite communauté de quelques centaines de Juifs sionistes déterminés qui vivent principalement sur les hauteurs du centre-ville. Bien que la vie y soit difficile, ils sont animés par leur foi, convaincus qu'il est important de ne pas abandonner le lieu de sépulture de leur patriarche. Et ils sont protégés par quelques milliers de soldats israéliens postés ici pour leur sécurité.

Visiter la ville est à la fois joyeux et triste. Le marché arabe est un véritable festival commercial, mais les checkpoints, les barrières de sécurité et les tourniquets industriels font partie intégrante de la vie locale. Déambuler dans la « rue fantôme » barricadée d'Hébron n'était pas agréable. Ce qui donne une ambiance explosive et terrorisante si vous êtes sensible aux ondes négatives.

En quittant Hébron, je me suis demandé ce qu'Abraham penserait de l'incapacité de ses descendants ennemis à vivre ensemble. Sur cette terre, si chère aux juifs, aux musulmans et aux chrétiens, j'ai le souvenir que les prophètes de chacune de ces religions ont enseigné à aimer notre prochain. Quel ironie !

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