12. Cocaier, l'arbuste de l'or blanc
- Le voyageur de l'extrême !

- 2 mars
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 sept.
Cocaier, l’arbuste de l’or blanc – Une rencontre avec la réalité colombienne
Voici une expérience fascinante et complexe en visitant une région quelque peu hasardeuse ou pousse le cocaier, cet arbuste qui, bien qu’il soit à l’origine d’une culture millénaire dans la région, est aussi au centre d’une réalité troublante qui secoue la Colombie. Le cocaier, ou Erythroxylum coca, est l'arbuste dont on extrait la cocaïne, mais son histoire est beaucoup plus ancienne et enracinée dans la culture andine. Ici, les paysans l’ont cultivé bien avant l’apparition du trafic de drogue, l’utilisant à des fins medicinales et rituelles.

Les plantations,
Le voyage jusqu’à la région des cocaïers m'a amené dans l'est de la Colombie, à quelques heures de peu importe la ville que l'on identifiera pas, dans une zone très reculée, où les cultures traditionnelles prédominent. Loin des grandes routes, j’ai traversé des chemins étroits et sinueux, bordés de forêts tropicales et de collines verdoyantes, jusqu’à atteindre un petit hameau isolé, où les habitants continuent de cultiver la coca selon des méthodes ancestrales. Certaine parti des chemins on été fait cagoulé afin de ne pouvoir mémoriser la route.

La récolte,
La première chose qui frappe lorsqu’on arrive dans une plantation de coca, c’est la silence qui y règne, un silence presque mystérieux. Les champs de cocaiers sont souvent cachés dans les vallées profondes et les montagnes escarpées, loin des regards indiscrets. L’arbuste lui-même est relativement modeste : une plante verte aux feuilles petites et ovales, qui, dans leur forme naturelle, n’ont rien de particulièrement inquiétant. Pourtant, cette plante, presque banale, est au centre d’une industrie mondiale gigantesque et souvent controversée.

Les origines de la culture
J’ai rencontré un producteur de coca, un homme âgé que l'on nommera Carlos, qui m’a expliqué les origines de sa culture. Contrairement à l’image qu’on pourrait se faire d’un trafiquant de drogue, Carlos et son petit groupe de paysans cultivent la coca pour des raisons beaucoup plus complexes. Pour lui et sa communauté, le coca fait partie de l’histoire, de la culture, et même de la spiritualité. Carlos m’a expliqué que, pendant des siècles, les anciennes civilisations andines utilisaient les feuilles de coca à des fins rituelles et pour soulager la fatigue des longues marches dans les montagnes. Il m’a montré comment les feuilles sont mâchées avec du bicarbonate ou de la chaux, une pratique qui procure un effet stimulant léger, bien loin des excès de l’usage moderne.

Subsistance de génération en génération,
Le cocaier, de par ses propriétés médicinales, est utilisé par les habitants pour traiter des maux de tête, des nausées, ou des troubles digestifs. De fait, dans certaines régions rurales de la Colombie, le coca est perçu comme un remède naturel qui fait partie du quotidien, tout comme le café ou le thé dans d’autres cultures. Carlos et ses voisins m’ont expliqué que pour eux, la coca était avant tout un moyen de subsistance, une plante ancestrale dont la culture était partagée et transmise de génération en génération.

Cependant, il ne faut pas se voiler la face : la réalité actuelle de la culture de la coca est bien plus ambiguë. Si, pour certains, la coca reste un symbole culturel, pour d’autres, elle est devenue un outil d’exploitation dans l’industrie du trafic de drogue. Et il faut reconnaître que dans ces zones reculées, la pression des cartels et des groupes armés pour cultiver plus de coca et la vendre à des réseaux criminels est énorme.

Travail forcé
Carlos, bien qu’il continue de cultiver la coca, m’a aussi expliqué comment la violence et les dérives économiques liées à la culture de la coca affectent profondément la région. Il a évoqué le fléau des cartels qui, bien qu’étant loin de son propre mode de vie, ont une influence sur la manière dont le commerce de la coca est géré. Les meneurs de ces réseaux offrent souvent des prix plus élevés pour la coca, mais en contrepartie, ils demandent des faveurs ou exercent des pressions sur les producteurs pour qu’ils augmentent leur production. Ce dilemme moral déchire de nombreuses familles : d’un côté, la culture de la coca leur assure leur revenu, mais de l’autre, elle les implique dans une chaîne invisible de violence et de corruption.

Les alternatives sans suivi,
L’une des discussions les plus poignantes que j’ai eues avec Carlos fut sur les alternatives à la culture de la coca. Il m’a confié que les initiatives de reconversion agricole, visant à remplacer le coca par d’autres cultures comme le café, la cacao ou les fruits tropicaux, étaient encore peu efficaces, principalement à cause de l’absence d’une infrastructure solide et de garanties de prix pour les producteurs. De plus, certains d’entre eux n'ont pas accès aux marchés où leurs produits pourraient se vendre à des prix justes de part leurs localisations.

Malgré ces défis, il existe des programmes qui tentent de donner aux paysans la possibilité de se libérer de la culture du coca, comme des initiatives gouvernementales ou internationale visant à encourager la culture légale. Mais ces programmes doivent faire face à de nombreux obstacles, tant économiques que politiques. Carlos m’a raconté qu’à une époque, des aides leur avaient été proposées, mais la corruption et les manques de suivi avaient souvent réduit ces efforts à un échec.

La transformation de la coca en cocaïne – Entre tradition et criminalité
Aujourd'hui, j’ai eu une vision plus concrète de la transformation de la coca en cocaïne. C'est un processus qui fait partie de la réalité quotidienne de certaines régions colombiennes, mais qui est également empreint de violence et de dérives économiques. Bien que la plante de coca ait une longue histoire dans les cultures andines pour ses propriétés médicinales et rituelles, sa transformation en cocaïne a été l’un des éléments moteurs de la violence et de l’instabilité qui frappent cette région depuis plusieurs décennies.

La transformation de la coca en cocaïne est un processus relativement simple techniquement, mais qui comporte des étapes dangereuses, et les personnes qui y participent souvent sont poussées par un besoin urgent de survie économique. Lors de ma visite dans une région de la Cordillère des Andes, j’ai pu en apprendre davantage sur ce processus et les conséquences profondes qu’il a sur les producteurs locaux et les communautés environnantes.

La macération,
Le premier stade de transformation commence dès que les feuilles de coca sont récoltées. Ces feuilles, dont le potentiel psychoactif est faible, doivent subir un processus chimique pour être raffinées en une forme pure de cocaïne. Cette transformation commence par une macération des feuilles dans des solvants chimiques puissants, souvent l'essence, des acides forts ou du chlore, qui aident à extraire l'alcaloïde contenu dans les feuilles. Le résultat est une pâte de coca brute, qui est ensuite séchée pour devenir un produit semi-fini.

La purification,
La deuxième étape, qui est celle de la purification de la pâte de coca, consiste à la traiter avec des produits chimiques encore plus puissants, comme le kérosène ou l’ammoniaque, afin d’éliminer les impuretés et de concentrer la cocaïne. Ce produit peut ensuite être transformé en cocaïne en poudre, généralement sous forme de chlorhydrate de cocaïne, ou cocaïne cristallisée. Ce processus, bien qu’apparemment basique dans ses grandes lignes, peut avoir des conséquences dramatiques, non seulement pour les producteurs, mais aussi pour les écosystèmes locaux. Le produit généré est souvent une pâte qui servira plus tard dans le processus.

De la pâte aux cristaux,
Je me souviens d'une conversation marquante avec Carlos, le cultivateur de coca, qui m’a expliqué que même si certains de ses voisins ne participent pas directement à la transformation de la coca en cocaïne, la pression des trafiquants ou des groupes armés est telle qu'ils finissent souvent par se retrouver impliqués dans cette économie souterraine. Le plus souvent, les producteurs de coca ne savent pas exactement ce qui se passe ensuite avec leur récolte ; ils sont, en quelque sorte, des maillons d’une chaîne de valeur mondiale où ils n’ont que peu de contrôle ou de bénéfices réels.

L'étape de la transformation en poudre crystalisée,
La transformation de la coca en cocaïne est un processus dangereux et polluant, car les produits chimiques utilisés sont non seulement toxiques, mais aussi nuisibles pour l’environnement. Les chemins de transformation, souvent réalisés dans des laboratoires clandestins en pleine forêt, laissent des traces de pollution extrêmement graves. Ces produits chimiques se retrouvent souvent dans les rivières, contaminant l’eau qui est utilisée pour l'irrigation des cultures ou pour la consommation des communautés locales. Le dégât écologique est à la fois invisible et profond, et cela aggrave les tensions sociales, tout en contribuant à des problèmes de santé publique.

La pression du marché,
Un aspect particulièrement troublant de cette chaîne de transformation, c'est la présence de groupes armés et de cartels qui contrôlent, souvent de manière violente, la production, le transport, et la distribution de la cocaïne. Ces organisations criminelles apportent un capital immédiat aux producteurs de coca, mais en contrepartie, elles imposent des règles strictes et des conditions de vie difficiles. Carlos m’a raconté que de nombreux producteurs sont forcés de vendre leurs récoltes à des prix injustes et sous pression, souvent à des intermédiaires liés aux cartels, ce qui les rend prisonniers du système.

La réalité économique de la matière première
Une autre réalité est celle des femmes et des enfants dans ces zones de production. Très souvent, la main-d'œuvre nécessaire à la transformation de la coca en cocaïne est constituée de travailleurs vulnérables, dont beaucoup sont issus des communautés indigènes ou rurales les plus pauvres. Ces populations, vivant déjà dans des conditions précaires, sont souvent utilisées pour extraire et raffiner la cocaïne, sans être pleinement conscientes des dangers qu’elles encourent. La violence domestique, l’exploitation sexuelle et le trafic d’êtres humains sont également des problèmes qui surgissent autour de la production et de la vente de cocaïne dans ces régions.

Cocaïne à l'état pure,
C'est à partir d'ici que le produit devient illégal puisque dans le processus de fabrication ce n'est qu'ici que l'on peut appeler ce crystal cocaïne. Carlos a souligné que malgré le pouvoir économique du commerce de la cocaïne, la majorité des producteurs de coca ne voient que peu de bénéfices réels. Ce commerce global profite principalement à une minorité concentrée dans des zones stratégiques, telles que des cartels internationaux, des intermédiaires ou des entrepreneurs qui gèrent les routes de trafic, et non à ceux qui cultivent la coca dans des conditions difficiles.

La plupart des cultivateurs vivent dans des maisons en adobe ou des cabanes simples, leurs revenus étant loin de refléter l'ampleur du marché auquel ils participent indirectement. Après avoir observé ce processus de transformation et discuté avec Carlos, il est évident que la culture de la coca est un phénomène complexe. C’est une plante qui porte une histoire ancienne et une richesse culturelle mais qui, aujourd’hui, est utilisée à des fins destructrices, tant sur le plan social qu’écologique. L’industrie de la cocaïne a ravagé les communautés locales, tout en alimentant un marché mondial de plus en plus puissant et violent.

En contemplant les champs de coca qui s’étendent à perte de vue. Le cocaier n'est pas seulement une plante, c’est aussi le symbole d’un dilemme plus large, un produit qui a traversé les âges et les cultures, mais qui est désormais pris dans une spirale destructrice. La rencontre avec Carlos m’a profondément marqué, car elle m’a fait prendre conscience des complexités qui sous-tendent cette culture. Ce n’est pas qu’une question de bien et de mal, de trafic et de répression, mais aussi d’identité, de survie, et de choix difficiles.

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