08. San Andrès de Pisimbala, Inza région sans loi
- Le voyageur de l'extrême !

- 5 mars
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 sept.
Inza est une localité indigène (autochtone) des hautes Andes de la cordillère centrale. L'endroit est difficilement accessible et est contrôlé par la guérilla. Si pouvez démontrer votre intention de touriste archéologique pour le site de Terradentro vous pourrez passer mais soyez assurés qu'il y aura toujours quelqu'un pour garder un œil sur vous car c'est une région cocaléra. L'armée colombienne a des ''checkpoints'' un peu partout en périphérie des zones sensibles et nous laisse savoir que nous entrons en ''no man's land'' à nos risque.

San Andrés de Pisimbala, un petit village perdu dans la région d'Inza, au cœur des montagnes de la Cordillère Occidentale de la Colombie, m'a réservé une expérience particulièrement singulière. Cette zone, marquée par l’isolement et un passé tumultueux, a tout d’abord la réputation d’être une région sans loi, où la violence et l'absence de l’État ont laissé place à une autonomie forcée. Mais au-delà de cette réputation, San Andrés de Pisimbala révèle un visage beaucoup plus complexe, ancré dans une réalité locale et un resilience rare.

L’aventure a commencé dès que j'ai quitté Sán Augustin et que j’ai emprunté les petites routes poussiéreuses qui mène au cœur de cette région. Les routes serpentent à travers des montagnes escarpées, traversant des vallées verdoyantes et des forêts denses, avant de se perdre dans un enchevêtrement de sentiers étroits. Ce trajet en lui-même m’a donné un premier aperçu de l’isolement de la région : pas de signal téléphonique, pas de commerces, et peu de signes de vie humaine.

San Andrés de Pisimbala est situé dans un endroit où les paramilitaires, les guerrilleros, et les groupes criminels on le contrôle de la région. Dans cette zone, souvent décrite comme une zone de non-droit (No man's land), les autorités y sont absentes ou inaccessibles. L’absence de présence étatique a laissé un vide, une sorte de zone grise où les règles sont imposées par la loi du plus fort. Cela a créé un climat de peur et de méfiance, non seulement envers les autorités, mais aussi envers les autres communautés voisines.

Cependant, ce qui est frappant à San Andrés, c’est qu’à travers cet isolement et ce climat tendu, il existe un esprit communautaire étonnant. Loin des regards de l'extérieur, la communauté a appris à s'entraider, à cultiver ses terres, et à préserver son héritage culturel malgré les tensions. Quand on arrive dans le village, on perçoit immédiatement une atmosphère soudeur mais aussi une résilience palpable. Les gens, bien que marqués par les événements du passé, sont ouverts et accueillants, prêts à partager leurs histoires, leurs difficultés, et surtout leur espoir pour l'avenir.

Les habitants de San Andrés de Pisimbala ont, pour beaucoup, été les témoins directs de l’histoire violente qui a marqué cette région. C’est d’ailleurs cette mémoire collective qui semble être la base de leur lutte pour la survie et la reconstruction. Après des années de violence, de déplacements forcés et de conflits armés, une nouvelle génération tente d’instaurer une paix fragile et de reconstruire un avenir plus serein, en dépit des défis persistants. Il y a une méfiance, certes, mais aussi une volonté d’aller de l’avant.

Le bus Chiva est un bus artisanal traditionnel colombien, reconnaissable à sa carrosserie en bois peinte de couleurs vives, souvent les couleurs du drapeau colombien. Il sert à la fois de moyen de transport public dans les zones rurales, adapté aux terrains difficiles. Je me suis demandé pourquoi les gens marchait avec le bus dans la montagne.

On m'a expliqué que parfois le poids des bagages et des passagers sont trop lourd pour monter les côtes alors on débarque pour aider le bus. Et dans le cas inverse lors d'une descente trop abrupte, les gens se mettre à prier pour que le bus ne manque pas de freins !

La situation semble aujourd’hui plus stable, mais les groupes armés sont toujours présent dans la région et certains résidus de conflits subsistent. L’État, malgré ses promesses, reste absent dans de nombreuses régions comme San Andrés, et la communauté doit souvent compter sur ses propres forces pour assurer la sécurité et la gouvernance locale.

Il est intéressant de noter que l’économie locale repose encore largement sur des pratiques agricoles comme la culture du maïs, du haricot, de la canne à sucre, du café et bien sûr de la coca. Mais la région est également connue pour ses sites naturels magnifiques, avec des montagnes imposantes, des forêts tropicales et des rivières sauvages qui traversent les vallées. C’est un véritable paradis pour les amoureux de la nature, mais qui demeure encore inaccessible pour une grande partie du monde extérieur.

Mais au-delà des paysages et de la nature, la richesse de San Andrés réside dans son peuple. J’ai croisé des familles qui vivent dans des maisons simples, souvent construites en bois ou en argile, mais avec une fierté évidente de leur héritage et de leur culture. Le travail collectif est un pilier fondamental de la vie ici. Lors de ma visite, j'ai vu plusieurs familles s’entraider pour préparer le repas du soir, ou pour récolter dans les montagnes environnantes. Cette solidarité est un rempart essentiel contre les défis quotidiens auxquels ils sont confrontés.

San Andrés de Pisimbala, comme beaucoup de régions isolées du Cauca, vit une réalité complexe. Le passé violent pèse lourd sur ses habitants, mais leur résilience et leur esprit communautaire font de cette zone une terre d’espoir et de reconstruction. Ici, la loi n'est peut-être pas celle des autorités, mais celle des hommes et des femmes qui ont décidé de faire perdurer leur culture, leur héritage et leur identité, au-delà des épreuves.

Cela m'a fait réfléchir sur le concept de loi et d'ordre. Dans des endroits comme San Andrés, l'absence de l’État ne signifie pas l'absence de règles ou de principes. Les valeurs communautaires, la solidarité et le respect mutuel prennent une place centrale dans la vie de chacun. Sauf peut-être quand des membres de la guérilla font leurs apparitions ou tous se tiennent à carreaux baissant les yeux.

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