01. Bogota, porte d'entrée colombienne
- Le voyageur de l'extrême !

- 12 mars
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 sept.
Une ville en évolution,
Arriver à Bogotá est une expérience qui frappe dès le début. C’est une ville haute, posée à 2 600 mètres d’altitude dans les montagnes de la cordillère des Andes, un véritable carrefour entre les montagnes et la plaine colombienne. Ici, l’air est plus frais, la lumière différente, et l'atmosphère de la ville a quelque chose de particulier, un peu électrique, comme si elle avait absorbé toute l’énergie des peuples et des histoires qu’elle a traversées.

Bogotá n’est pas simplement la capitale de la Colombie, c’est une porte d’entrée vers un pays en pleine évolution. Dès ton arrivée, tu ressens ce mélange de modernité et de tradition : la ville est vibrante, animée, mais elle n’a pas perdu son âme. On sent qu'ici, l'histoire est vivante : des quartiers modernes avec leurs grattes-ciel se mêlent aux ruelles pavées et aux bâtiments colonialistes. C’est une ville qui te parle sans un mot.

Je suis arrivé à La Candelaria, le cœur historique de Bogotá, où tout semble être préservé et conservé dans une espèce de musée vivant. L’architecture coloniale se mêle aux peintures murales et aux œuvres d'art contemporaines. Il suffit de se perdre dans les rues étroites pour comprendre qu’ici, l'histoire et l'art vivent côte à côte. Les façades colorées, les balcons en bois, et l'air frais qui monte des montagnes alentour te rappellent que cette ville a vu l’histoire défiler.

Ce qui m’a immédiatement frappé, c’est la bonté des gens. Les Bogotans sont accueillants, curieux. Ils ont ce sourire un peu réservé, mais sincère, ce petit geste qui dit "tu es chez nous". Que tu sois dans un café, une librairie ou même en marchant dans une rue animée, tu sens cette tension positive qui fait que la ville te porte presque. Il y a quelque chose de très humain dans l’atmosphère ici, une chaleur qui contraste avec l'altitude et le climat frais.

Dans les quartiers modernes comme Zona T ou Usaquén, on voit une ville plus cosmopolite, un peu westernized, avec ses boutiques chères, ses restaurants raffinés et ses bars branchés. Mais au-delà de tout cela, tu sens que Bogotá est une ville qui garde ses racines profondément ancrées dans son histoire et son culture. Et ça, c’est ce qui la rend si unique, cette capacité à allier la modernité et l'authenticité.

L'envers de la médaille,
Il y a un autre côté à Bogotá, une réalité qui n'est pas aussi souvent partagée dans les guides de voyage ou les récits de visiteurs. Bien sûr, la ville est fascinante, vibrante, pleine de culture et de modernité, mais comme toute grande métropole, elle a aussi ses zones d'ombre.

Pendant mes explorations, j'ai été frappé par la présence de jeunes dans les rues, des enfants et des adolescents qui semblent avoir choisi la rue comme unique refuge. Dans certains quartiers, notamment autour de La Candelaria, j'ai croisé des groupes de jeunes souvent accompagnés d'un air défiant, parfois violents, parfois vulnérables, qui semblaient constamment en lutte contre l'environnement qui les entoure. Les bandes de jeunes de la rue à Bogotá sont souvent vues comme des figures inquiétantes par les habitants et les visiteurs, mais la réalité est bien plus complexe que cela.

Ce phénomène des jeunes des rues à Bogotá n'est pas nouveau, il est enraciné dans des problèmes sociaux profonds : pauvreté extrême, exclusion sociale, drogue, et des violences familiales qui poussent ces jeunes à fuir leurs foyers et à chercher un sens à leur vie dans les coins sombres de la ville. C’est un cercle vicieux : une fois dans la rue, ils deviennent vulnérables à toutes sortes de manipulations, qu’elles soient criminelles, commerciales, ou liées à des groupes mafieux.

L’atmosphère change dans certains quartiers la nuit. La rue devient le domaine où certains de ces jeunes se rebellent contre l’autorité, à la recherche de leur identité, de leur liberté, mais aussi d'un exutoire à leur détresse. La violence devient parfois un moyen d'expression, un moyen de survie dans une ville où les inégalités sociales sont visibles à chaque coin de rue. Ils forment des bandes qui souvent s’adonnent à des actes de vol ou à des bagarres de territoire, et les tensions peuvent être palpables, surtout dans des secteurs comme San Victorino ou El Bronx (anciennement un quartier très mal famé avant une opération de nettoyage).

Pourtant, ces jeunes sont loin d’être monolithiques ou simplement des "dangers". Beaucoup d’entre eux sont aussi des victimes, des enfants ou des adolescents qui n’ont pas eu les ressources nécessaires pour s’en sortir. Leur histoire se croise souvent avec celle de la guerre interne, des violences familiales, de l’absence de perspective dans un pays marqué par des décennies de conflict armé. En les observant de plus près, tu réalises qu’au fond, beaucoup n’ont pas choisi cette vie, mais ont été poussés par des circonstances qui les ont piégés.

Ces jeunes ne sont pas des monstres ou des criminels en puissance,
mais des produits d’une société qui les a abandonnés, qui ne leur a pas offert de futur.

Cela dit, il ne faut pas se mentir : Bogotá est une ville qui, comme beaucoup d’autres, doit faire face à ces réalités. Il y a des rues où la présence des jeunes des rues crée une tension palpable, et tu n’as pas toujours envie de t’aventurer tout seul dans certaines zones la nuit. Ces jeunes, même s’ils sont en grande partie victimes de leur situation, peuvent aussi parfois être agressifs, surtout s’ils se sentent menacés ou insultés. Il faut savoir rester vigilant. Et ne jamais prendre les escaliers qui mènent dans les favelas, ce n'est pas des lieux touristiques.

La situation de ces jeunes à Bogotá est une partie de l’histoire de la ville, et en tant que visiteur, il est important de la comprendre, de ne pas la réduire à un simple cliché de danger. Ils sont des symptômes d’un problème social plus large, d’une fracture sociale qui affecte beaucoup de pays en développement, notamment en Amérique latine. Bogotá, en tant que capitale, est le miroir de cette colombianité complexe, pleine de contrastes entre la richesse et la pauvreté, entre le moderne et le marginalisé.

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