09, Matanzas, grottes archéologiques de Bellamar

La région de Matanzas connaît un développement rapide des plantations de canne à sucre durant la période coloniale. En conséquence, de nombreux esclaves africains sont importés pour fournir la main-d'œuvre nécessaire à cette activité, notamment pendant la première moitié du XIXe siècle. En raison du nombre élevé à la fois d'esclaves et d'Afro-Cubains libres à Matanzas, le maintien des traditions africaines y est demeuré particulièrement fort ainsi que leurs traditions culinaires afro-cubaine.

Les grottes de Bellamar sont situées dans la ville de Matanzas, à environ 40 km à l’Est de Jibacoa. Ces grottes sont ouvertes aux visiteurs depuis les années 1860 et sont considérées comme l'une des plus anciennes attractions touristiques à Cuba. Ce sont aussi les grottes naturelles les plus longues et les plus profondes du pays.

Ses salles impressionnantes et ses galeries sont remplis de belles stalactites et stalagmites, d’un ruisseau souterrain,de cristaux, de fontaines, de dômes cristallisés et autres formations calcaires uniques. Quelques peintures et fossiles autochtones ont également été trouvés ici. La zone explorée est d’environ 3 km de long et contient 28 chambres; la partie accessible aux visiteurs est d'environ 1 km de long. Les grottes font toujours l'objet d'études spéléologiques et archéologiques.

Matanzas, souvent surnommée "la Venise de Cuba" ou encore "la ville des ponts", cache dans ses entrailles un trésor souterrain fascinant : les grottes de Bellamar. Ces grottes archéologiques et géologiques, parmi les plus anciennes découvertes de Cuba, offrent un voyage dans le temps entre cristaux millénaires, légendes locales et traces précolombiennes.

Matanzas, les grottes archéologiques de Bellamar. Sous les collines, la mémoire. À quelques kilomètres du centre historique de Matanzas, dans une région vallonnée et tranquille, s’ouvre une faille dans le sol. De l’extérieur, rien ne laisse présager ce qui se cache là-dessous…jusqu’à ce que je descende les marches qui mènent à l’une des plus anciennes cavernes aménagées des Caraïbes : la Cueva de Bellamar.

Ce n’est pas seulement une grotte. C’est un sanctuaire, sculpté par le temps et l’eau. Un peu d’histoire : une découverte par accident. La grotte a été découverte en 1861, tout à fait par hasard, lorsque des ouvriers creusant un puits sentirent une brusque chute d’air… suivie d’un effondrement. Ce qu’ils venaient de mettre au jour n’était rien de moins qu’un monde souterrain vieux de plus de 300 000 ans.

Depuis, plus de 2 500 mètres de galeries ont été explorés, dévoilant un univers géologique et archéologique exceptionnel. La descente : stalactites, légendes et humidité sacrée. Je suis accueilli par un guide passionné, qui me remet une lampe frontale et un avertissement : “Ici, on ne touche à rien. Chaque goutte est une œuvre en devenir.” La descente commence, une centaine de marches glissantes sous un plafond bas. L’air devient frais, humide, presque chargé d’un autre temps.

Dans les galeries : Des stalactites immenses, en forme de rideaux ou de lances. Des colonnes de calcite scintillante appelées “las góticas”. Une formation célèbre : “El Manto de Colón”, un drapé de pierre translucide. Des bassins naturels, d’un vert profond, où l’eau dort depuis des siècles. "Chaque goutte d’eau qui tombe ici prend 100 ans à créer 1 cm de pierre." Traces archéologiques et mystères du passé.

Dans les zones les plus profondes, le guide nous montre des vestiges d’occupation précolombienne : Outils taillés. Cendres de feux anciens. Traces d’activités rituelles attribuées aux Taïnos, premiers habitants de l’île. La grotte n’est donc pas qu’un décor naturel : c’est un site archéologique habité, sacré, utilisé probablement pour des rituels d’eau, de fertilité ou de passage. Un monde parallèle, figé et vivant à la fois.

La visite dure un peu plus d’une heure, dans une pénombre hypnotique. Chaque salle semble raconter une histoire, chaque formation une métaphore. Le silence est total, sauf les gouttes. Le guide souffle : “On dit que si tu entends l’écho d’une goutte ici, c’est l’esprit de la grotte qui respire.” Je ressors émerveillé, couvert de quelques gouttes, un peu sonné par cette plongée dans l’intimité géologique de Cuba. Une cathédrale souterraine. La grotte de Bellamar est bien plus qu’une curiosité géologique. C’est un livre de pierre, un lieu de passage entre les mondes, naturel, spirituel et historique.

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