01. Frontière Pérou - Équateur, anarchie commerciale
- Le voyageur de l'extrême !

- 22 mars
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 sept.
Tumbes, Pérou, Derniers échos du Sud
Parti de Punto Sal au petit matin nous arrivons à Tumbes. L’air est moite, salé, comme si l’océan ne voulait pas se laisser oublier. Je suis encore au Pérou, mais déjà ailleurs. La ville est un carrefour entre le Pacifique, la jungle et une tension invisible, celle d’une frontière à franchir. On parle à voix basse de desvíos, de tramitadores, de taxes inventées et de bus "directs" qui ne mènent nulle part.

Je saute dans une moto-taxi, direction Aguas Verdes. Le chauffeur ne dit pas un mot assourdi par les pétarade de sa moto. Tout le monde a cette posture d’attente passive que les frontières savent imposer : comme si une autre logique prenait le relais ici, une logique hors du temps.

Certains prendrons les la chiva, un genre de bus artisanal, motos collectives, les collectivos, comme un taxi collectif...un seul prix par personne et on démarre quand il n'y a plus de place pour embarquer.

Aguas Verdes, Huaquillas : L’Entre-Deux
Aguas Verdes est un marché déguisé en ville, ou peut-être l’inverse. Pas de véritable poste de contrôle ici, juste un pont. Un pont bordé d’échoppes, de motos taxis, de bruit, de faux papiers, de vrais billets, de regards en coin. Le chaos.

Le passage se fait à pied, sans qu'on sache vraiment si l’on est encore au Pérou ou déjà en Équateur. Personne ne semble s’en soucier. Il n’y a ni drapeau, ni panneau clair. Juste un flux constant de gens, de marchandises, de choses et d’intentions. Au passage un militaire regarde mon sac, hausse les épaules, et me fait signe de continuer. Voilà. C’est tout.

Huaquillas, L’ordre après le désordre
Huaquillas, côté équatorien, est plus rangée, du moins en surface. Il y a une migration officielle, quelques fonctionnaires polis, et un tampon qui claque sur le passeport. Mais l’ambiance reste flottante, comme si personne ne croyait réellement aux lignes tracées sur une carte.

Ici, l’anarchie n’est pas l’absence d’ordre, mais la coexistence de plusieurs systèmes : celui de l’État, celui de la rue, celui des habitudes et des accords tacites entre ceux qui vivent sur cette frange du monde.

Je monte dans un bus pour Loja. Un gamin de 10 ou 12 ans vend des empanadas en criant "¡Aproveche, aproveche!". Le soleil tape fort. Mon passeport a changé de pays, mais le paysage, lui, ne semble pas au courant. Quelques patois différents du Pérou, nous apprendrons quelques nouveau mots que j'ajouterai dans mon vocabulaire espagnol.

La frontière Pérou - Équateur, notamment celle entre Aguas Verdes et Huaquillas, n’est pas une ligne stricte. C’est une zone floue, poreuse, à la logique propre. Une zone qui échappe aux classifications nettes, un espace intermédiaire, hybride, vivant et profondément humain. On n’y entre pas, on ne la quitte pas vraiment : on la traverse, ou elle vous traverse.

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