31. Les Grottes d'Ellora
- Le voyageur de l'extrême !

- 15 févr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 sept.
Les grottes d'Ellora sont un site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO à Aurangabad, en Inde. Il s'agit de l'un des plus grands complexes de grottes de temples hindous creusés dans la roche au monde, avec des œuvres d'art datant de la période 600-1000 après J.-C., comprenant également plusieurs grottes bouddhistes et jaïnes.

Le complexe est un exemple majeur de l'architecture rupestre indienne, et plusieurs ne sont pas à proprement parler des « grottes » dans la mesure où elles n'ont pas de toit. La grotte 16 abrite la plus grande fouille rupestre monolithique au monde, le temple de Kailasa (que nous verrons prochainement), un monument en forme de char dédié au dieu Shiva. Les fouilles du temple de Kailasa présentent également des sculptures représentant diverses divinités hindoues ainsi que des panneaux en relief résumant les deux principales épopées hindoues.

Ellora, le miracle taillé dans la pierre. On dit que certains lieux ne sont pas simplement visités, ils vous absorbent. Les grottes d’Ellora, perdues dans les collines arides du Maharashtra, sont de ceux-là. Ce n’est pas un simple site archéologique : c’est un livre de pierre, un poème gravé à coups de ciseaux et de foi.

Arrivé tôt le matin, quand la lumière douce du soleil glisse lentement sur les façades noires et ocres. Pas un bruit, si ce n’est le cri des oiseaux et nos pas dans la poussière. Devant moi, une falaise longue de deux kilomètres, percée de 34 grottes, sculptées non pas en pierre rapportée, mais creusées dans la roche elle-même, directement dans la falaise.

Trois religions, un seul flanc de montagne. Ce qui rend Ellora encore plus unique, c’est qu’il ne s’agit pas seulement de temples hindous. Sur ce même flanc de falaise, on trouve : 12 grottes bouddhiques (grotte 1 à 12), sobres, propices à la méditation. Certaines abritent d’immenses statues paisibles du Bouddha assis, d’autres révèlent des piliers ornés de lotus et de motifs abstraits. Dans la grotte 10, un grand Bouddha enseigne face à la lumière du jour, dans une ambiance presque mystique.

17 grottes hindoues (grotte 13 à 29), flamboyantes, peuplées de dieux dansants, de démons renversés et de scènes mythologiques sculptées avec une énergie saisissante, 5 grottes jaïnes (grotte 30 à 34), plus petites mais délicatement détaillées, où les tirthankaras méditent dans des mandapas finement ouvragés.

Ici, les trois grandes religions de l’Inde ancienne cohabitent dans la pierre, côte à côte. Aucun mur ne les sépare. Aucun conflit gravé dans la roche. Juste une succession d’univers spirituels qui se répondent, dans le silence du temps. Un miracle d’architecture monolithique. On passe de grotte en grotte comme on feuillette un vieux manuscrit sacré.

Les grottes ont été creusées entre le Ve et le Xe siècle après J.-C., à travers trois grandes phases culturelles et religieuses :
Grottes bouddhiques (n°1 à 12). Ve au VIIe siècle
La naissance des premières grottes bouddhistes. À coups de marteau les moines, lentement, patiemment, ils ouvrent des grottes. Pas pour impressionner, mais pour méditer. Ils sculptent des statues du Bouddha, creusent des dortoirs, des salles de prière. La grotte 10 devient leur sanctuaire : une grande nef avec un Bouddha assis en prédication. Pendant près de deux siècles, ces moines font surgir de la roche des temples silencieux, où la lumière filtre comme un souffle divin.

Grottes hindoues (n°13 à 29) VIIe au IXe siècle
Le temps passe. Les rois changent, et les croyances aussi. Au VIIe siècle, ce sont les Rashtrakutas, rois hindous, qui règnent sur la région. Ils admirent le travail des moines… et décident d’aller encore plus loin. Ils vont creuser non pas des grottes, mais un véritable temple, de haut en bas, dans la montagne. C’est ainsi que naît le Kailasa, la grotte n°16. Un temple dédié à Shiva.

Les grottes racontent la mythologie hindoue : Shiva dansant la création, Vishnu sauvant le monde, déesses aux mille bras… Tout est là, figé dans la pierre mais vibrant d’énergie.

Grottes jaïnes (n°30 à 34) — IXe au Xe siècle
Au IXe siècle, une nouvelle foi vient sculpter ses croyances dans la falaise : le jaïnisme. Leur style est plus discret, plus fin. Ils sculptent non pas la grandeur, mais la pureté et la paix. Leurs grottes sont comme des mini-palais : dentelles de pierre, piliers décorés, statues des Tirthankaras, les sages éveillés du jaïnisme.

Et ainsi, dans un même rocher, trois religions majeures ont gravé leur vision du monde. Pas côte à côte par hasard, mais avec respect. Ici, il n’y a pas de mur entre les croyances. Seulement la pierre, le silence, et des siècles d’histoire figés dans l’ombre.

Pendant des siècles, les grottes tombent dans l’oubli. La jungle les recouvre. Les pèlerins s’en vont. Puis, un jour du XIXe siècle, des explorateurs redécouvrent ce site incroyable. Depuis, Ellora fascine. Elle attire voyageurs, chercheurs, artistes, photographes, et rêveurs.

Si vous marchez là-bas, au petit matin, peut-être entendrez-vous encore les marteaux des sculpteurs, le chant d’un moine ou le silence sacré des siècles passés. Ellora, c’est l’histoire d’un peuple qui a sculpté non pas seulement des temples, mais une idée de l’harmonie, de la beauté, et de l’éternité.

À l'approche de la grotte no.16, le Temple de Kailasa nous vous laissons sur les dernières grottes d'Ellora avant d'entrer dans ce gigantesque et mytérieux Temple inexplicablement construit.



































































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